Un parcours audacieux de Mascouche aux Caraïbes guidé par la soif d’apprendre et l’engagement social.
Annie Bertrand (B.A.A. 2001) entame ses études collégiales en technique administrative à Joliette, rien ne laisse présager la carrière internationale qui l’attend. Son ambition était de devenir secrétaire, mais un jour, un membre de l’Ordre des Comptables en Management Accrédité (CMA) vient présenter sa profession en classe. Ce moment se révèle décisif. « Ce jeune homme m’a ouvert les yeux et a transformé ma vie », confie-t-elle avec émotion. Dès lors, une nouvelle voie se dessine devant elle : elle décide de poursuivre un baccalauréat en comptabilité de gestion à l’UQAM.
La comptabilité de gestion s’est avérée un domaine intéressant pour elle, surtout parce qu’elle permet de développer des outils décisionnels qui influencent directement la performance des organisations. Ses professeurs, comme M. Clapin-Pépin, ont marqué son parcours, notamment en lui insufflant l’importance du développement durable, bien avant que ce concept ne devienne central dans les discussions économiques contemporaines. « En 1999, personne ne savait ce qu’était le développement durable, mais M. Clapin-Pépin, avec son esprit avant-gardiste et sa joie de vivre, a planté en nous une graine qui a grandi tout au long de notre carrière », se souvient-elle.
Durant ses études universitaires, elle s’engage pleinement dans les activités étudiantes et études. Elle n’hésite jamais à solliciter ses professeurs pour mieux saisir les notions complexes. Elle partage également ses heures d’étude avec ses camarades dans des sessions intensives de travail collectif les weekends.
C’est durant ces années qu’elle découvre également les vertus du leadership et de la gouvernance grâce à l’influence de Francine Gélinas, directrice de son programme. Madame Gélinas l’encourage à siéger sur un conseil d’administration étudiant, une expérience déterminante qui lui permet de développer confiance en elle et compréhension des rouages d’une gouvernance efficace. « Francine a radicalement changé ma vision du rôle des étudiants dans la prise de décision et m’a fait comprendre que mon opinion avait du poids », souligne-t-elle. Avec du recul, elle ajoute « que cette femme fut une grande modèle et source d’inspiration pour la performance et l’intégrité.»
Outre ses réalisations académiques, elle participe au Concours Interaction Management, une compétition où les étudiants doivent résoudre des problématiques organisationnelles réelles rencontrées par des PME. Cette expérience lui révèle une passion pour la résolution de problèmes, un fil rouge qui continuera à l’animer tout au long de sa carrière.
Son parcours prend un tournant décisif lorsqu’elle participe à un programme d’échange universitaire à Amsterdam, où elle obtient un certificat en affaires internationales. Ce séjour éveille en elle un profond désir de découvrir le monde.
À la fin de ses études, sa détermination et son implication au sein des associations étudiantes portent leurs fruits : elle convainc Deloitte Consulting de participer à une foire de l’emploi organisée à l’ESG-UQAM, ce qui lui vaut une entrevue immédiate au bureau de Montréal et obtient un poste par la suite. Cependant, les débuts ne sont pas sans difficultés. Elle est notamment confrontée à la barrière de la langue anglaise et doit surmonter de nombreux obstacles. Fort heureusement, un mentor bienveillant David Walker la prend sous son aile, l’accompagnant dans ses premiers pas en tant que consultante à Manhattan. Ce soutien s’avérera crucial pour son développement professionnel.
Pourtant, malgré une carrière florissante chez Deloitte, elle ressent un manque. « Je souhaitais avoir un impact tangible sur la vie des gens, et non seulement sur les portefeuilles des investisseurs », explique-t-elle. C’est cette quête de sens qui la pousse à entreprendre un MBA à la Harvard Business School, où elle s’intéresse aux entreprises sociales et à leur potentiel transformateur.
Sa soif de découverte et son engagement pour un changement social durable la mènent à traverser le globe. Poussée par l’envie de se rendre utile au-delà des frontières, Annie Bertrand voyage dans plus d’une cinquantaine de pays. Elle s’investit dans des projets aussi divers que l’instauration et la gestion d’une école en Inde ou la relance de l’économie au Sri Lanka après le tsunami de 2004. À chaque étape, elle comprend que, malgré les similitudes entre les problématiques, chaque culture exige une approche spécifique.
Aujourd’hui, elle occupe un poste d’experte en inclusion financière pour le Fonds d’Équipement des Nations Unies (UNCDF), où elle aide les régulateurs des Caraïbes à élaborer des lois favorisant l’innovation en matière de technologies financières. À travers ce rôle, elle s’efforce de promouvoir l’inclusion des micros et petites entreprises dans l’économie numérique, un enjeu fondamental pour la région. Sa détermination à apprendre ne s’est jamais limitée à la salle de classe et le chemin qu’elle a parcouru est une illustration de sa détermination, sa curiosité insatiable et son engagement envers la justice sociale.